UN PETIT PAS

LPOD-May20-14.jpg
image Peter Rosén, Stockholm, Suède

ILUJ du 11 mai montrait un énorme maquette de la Lune et permettait d'en estimer la taille en la comparant à celle de l'homme assis au sommet et lui donnant une touche finale. J'ai donc pensé que je pourrais présenter ma propre maquette de Lune avec ma main et la semelle de la moonboot comme une référence de taille .

En février 1999, j'ai été contacté par un client qui avait une demande très spéciale . Il voulait une photo en gros plan de la Lune pour un grand projet commercial, de toute évidence une image impossible à réaliser avec un télescope. Je lui ai conseillé d'essayer de trouver une image appropriée dans les archives de la NASA mais elles n'avaient pas la «qualité» recherchée et, plus important encore, il n'avait plus le temps d'attendre. A cette époque il était en effet impossible de trouver des photos en ligne et cela pouvait demander plusieurs jours avant que les tirages n'arrivent par courrier. Il m'a alors demandé si je pouvais réaliser une telle image en moins d'une semaine. Je n'avais absolument aucune idée par où commencer mais je me suis entendu lui répondre " oui, bien sûr ". Ce qu'il recherchait c'était quelque chose qui ressemblait à ce que le commun des mortels s'imagine de la Lune : des cratères avec des pics centraux , des rochers , des ombres longues et contrastées, une lumière et une tonalité spéciale; il n'a pas accepté mes arguments comme quoi ce n'est pas à cela que ressemblait un gros plan du sol lunaire. Autre élément important, il voulait une empreinte de pas, une seule, à un endroit précis défini par lui.

J'ai commencé en infographie en 1981 et j'étais persuadé que la meilleure façon de résoudre mon problème serait de construire un modèle 3D virtuel en utilisant un logiciel de conception d'image performant. Mais 2-3 jours plus tard, j'ai dû abandonner. Quoi que je fasse , la surface ressemblait plus à du plastique qu'à de la poussière lunaire. Sans perdre plus de temps j'ai dû trouver une autre solution et elle devait être la bonne car il ne me restait plus que 4 jour . J'ai acheté un sac de 50 kg de ciment et je l'ai étalé sur une grande feuille de plastique de 4x5 m sur le sol de mon studio . J'ai alors commencé à tester les impacts en laissant tomber tout ce que je pouvais imaginer, d'un morceau de pierre à des balles de golf, de différentes hauteurs et sous des angles différents. Le plus grand défi était que tout devait être parfait dès la première tentative car il était impossible d'effacer quoi que ce soit sur ​​la surface sans modifier sa structure. Inutile de dire qu' absolument personne n'a été autorisé à pénétrer à l'intérieur de mon studio durant cette semaine car toute ma construction était en poudre et un simple éternuement ou un courant d'air aurait tout détruit en quelques secondes .

Lorsque tous les cratères ont été en place la dernière l'étape, la plus difficile, m'attendait : créer l'empreinte de la chaussure. J'ai réalisé un modèle en polystyrène et carton à partir des images d'origine de l'empreinte du premier pas sur la Lune. Après cela, j'ai mis en place l'éclairage en utilisant un stroboscope avec un angle très faible afin obtenir des rayons parallèles qui imitent la lumière vive du Soleil. J'ai alors chargé mon appareil photo avec un rouleau de film de 120 diapositives au format 6x9 cm et traité les images pendant la nuit. Le lendemain matin, j'ai scanné la diapositive pour la retoucher avec mon ordinateur, en enlevant quelques cratères, en ajoutant quelques rochers et en travaillant l'éclairage pour le rendre aussi proche que possible de celui, si particulier, de la Lune. Mon client n'avait qu'un seul reproche à faire : il voulait que l'empreinte soit celle d'un pied droit ! Je lui ai dit que les moonboots étaient presque symétriques, de sorte que l'on ne pouvait pas faire la différence entre un pied droit et un pied gauche. Mais, comme le client a toujours raison, j'ai dû répondre à sa demande et déformer légèrement la forme. Au bout du compte, il a obtenu sa photo d'un gros plan de la Lune en une semaine :-)

Peter Rosén
(traduction Gérard Coute)



La rubrique originale sur LPOD